Les 5 suites pour violence sexuelle″ d’Emmanuel Adely, transcriptions des cinq discours prononcés par Nicolas Sarkozy entre le 22 avril et le 6 mai 2007 (dont les discours de Rouen sur Jeanne d’Arc, et de Paris sur Mai-68), déconstruisent les sermons sur la montagne du nouvel impétrant médiacratique. De ce tohu-bohu syntagmatique, de cette énumération qui procède au télescopage entre dit et non-dit, officiel et pulsionnel, ressort l’inavouable : la dépendance populaire transforme l’élection présidentielle en élection d’un homme providentiel. C’est dire que nous assistons à l’avènement d’un populisme, lequel réside justement dans la manipulation de la masse à des fins particulières : en me plaçant en tête moi ce soir pour décider massivement à leur place… Aussi le chef doit-il se garder de sa propre volonté : je veux protéger aussi contre je veux… Le final révèle la stratégie du leader : oui vous dis du coeur vive la et par-dessus tout vive la s’unir à moi ensemble s’unir à moi s’unir dans société brisés accidentés usés épuisés à moi s’unir à moi. L’Union Moi Protecteur est bel et bien consubstantielle à l’Union Moi Président. Ainsi ce dispositif critique combine-t-il d’une part, le montage cut et la boucle, d’autre part, la transcription. Le résultat est un étrange sabir qui dévoile l’envers du discours populiste : non pas tant une violence symbolique que le viol de la masse par une puissance désirante.
Fabrice Thumerel, on www.t-pas-net.com/libr-critique/